Lesmeilleures offres pour Lettres 1. 1897 - 1914 Beck, Knut Livre sont sur eBay Comparez les prix et les spĂ©cificitĂ©s des produits neufs et d 'occasion Pleins d 'articles en livraison gratuite! Autelde douleur dressĂ© par Musset Ă  George Sand au lendemain de leur rupture, la Confession (1836) dĂ©passe pourtant le seul cadre de l’expĂ©rience personnelle. Cherchant Ă  toucher du doigt ses blessures et Ă  trouver dans la fiction une vĂ©ritĂ© consolatrice, Musset, enfant du siĂšcle, chante la dĂ©sespĂ©rance de toute une gĂ©nĂ©ration en proie au mal de vivre. Lettreentre Sand et Musset par Alfred de MUSSET. Je suis trĂšs Ă©mue de vous dire que j’ai bien compris l’autre soir que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit lĂ  une preuve que je puisse ĂȘtre aimĂ©e par vous. Je suis prĂȘte Ă  vous montrer mon affection toute dĂ©sintĂ©ressĂ©e et sans cal- cul, et si FrancisJammes (prononcer [ʒam] et non [dʒɛms] [N 1]), nĂ© le 2 dĂ©cembre 1868 Ă  Tournay (Hautes-PyrĂ©nĂ©es) et mort le 1 er novembre 1938 Ă  Hasparren (Basses-PyrĂ©nĂ©es, aujourd'hui PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques), est un poĂšte et romancier français.. AprĂšs avoir Ă©tĂ© recalĂ© au baccalaurĂ©at de français, Jammes commence Ă  Ă©crire de la poĂ©sie vers vingt ans. Bien qu'il Lettrede George Sand Ă  Alfred de Musset : 3 participants. Auteur Message; Jeanbart. Messages: 114 Date d'inscription: 31/08/2009 Age: 63 Localisation: Dunkerque: Sujet: Lettre de George Sand Ă  Alfred de Musset Mar 8 DĂ©c - 18:22: Lettre de George Sand Ă  Alfred de Musset Cher ami, Je suis toute Ă©mue de vous dire que j'ai E7JgqDA. UNE VISITE AU DOCTEUR PAGELLO LA DÉCLARATION D’AMOUR DE GEORGE SAND Faudra-t-il nous rĂ©signer Ă  n’avoir que la Confession d’un enfant du siĂšcle et les trop discrĂštes expansions de LĂ©lia ? Continuera-t-on Ă  dĂ©rober Ă  notre curiositĂ© si fortement excitĂ©e cette correspondance des deux grands amoureux, dont l’un des deux au moins fut emportĂ© dans le tourbillon de folie — jusqu’à la mort ? Et cependant, ne l’a-t-on pas, depuis quelques annĂ©es, tant Ă©miettĂ©e par menus fragments qu’il n’est plus de mystĂšre que pour les profanes ? Au surplus, Ă  dĂ©faut des confidences de Lui et des rĂ©vĂ©lations d’Elle, n’avons-nous pas la confession, nous devrions dire la dĂ©position d’un tĂ©moin, un tĂ©moin que les circonstances ont fait tout Ă  coup passer du rĂŽle de comparse Ă  celui de premier sujet ? À notre sollicitation, le docteur Pagello, qui avait jusqu’alors gardĂ© un silence obstinĂ©, s’est dĂ©parti de cette rĂ©serve dont nul ne l’avait pu faire sortir jusqu’à ces derniers temps. Il a consenti Ă  parler. AprĂšs avoir fait connaĂźtre dans quelles circonstances[1] Ă©tait nĂ©e la liaison qui l’illustra et dont tout fier il se montre, il est allĂ© plus avant dans la voie des aveux il a tenu Ă  conter lui-mĂȘme sa bonne fortune, et c’est avec empressement qu’il nous a fait accueil, il y a quelques semaines, quand nous nous sommes rendu Ă  Bellune et que nous sommes allĂ© frapper Ă  la porte de la maison mĂȘme qu’habite avec sa famille le docteur Pietro Pagello. Nous tenions Ă  voir de prĂšs le hĂ©ros de l’aventure dont nous avions contĂ© les Ă©pisodes, et, aprĂšs avoir reçu l’assurance que notre visite serait accueillie sans dĂ©plaisir, nous nous sommes fait prĂ©senter au vĂ©nĂ©rable octogĂ©naire. C’est M. le docteur Just Pagello, mĂ©decin en chef de l’hĂŽpital civil de Bellune, qui a bien voulu nous servir d’interprĂšte en la circonstance. Notre tĂąche Ă©tait particuliĂšrement dĂ©licate nous ne parlions pas l’italien, et le docteur Pietro Pagello avait grande peine Ă  comprendre le français. Heureusement son fils, le docteur Just Pagello, secondĂ© par Mme Just Pagello, qui a Ă©tĂ©, en la circonstance, d’une amabilitĂ© et d’une bonne grĂące toutes françaises, nous est venu en aide et nous a tirĂ© d’embarras. Il fut tout de suite entendu que nous Ă©tablirions une liste de questions qui seraient transmises par M. Pagello fils Ă  son pĂšre dans leur traduction italienne. Le vieillard rĂ©pondrait dans sa langue, et ses rĂ©ponses devaient ĂȘtre Ă  leur tour traduites en français Ă  notre intention par M. le docteur Just Pagello. AprĂšs un moment d’attente dans un salon coquettement meublĂ©, M. le docteur Just Pagello vient nous prĂ©venir que son pĂšre nous expecte ». Notre connaissance, si imparfaite qu’elle soit, de la langue latine, un peu oubliĂ©e, nous permet de comprendre cette expression qui, de prime abord, nous avait surpris. Deux ou trois marches gravies, et nous nous trouvons de plain-pied, aprĂšs avoir traversĂ© une petite chambre oĂč rien ne retient nos regards, dans le cabinet de travail du vieillard. Il est tout lĂ -bas, blotti dans un des coins les plus reculĂ©s de la piĂšce, enfoncĂ© dans un fauteuil sans style, d’oĂč il se soulĂšve Ă  notre approche. De haute stature, mais voĂ»tĂ©e par les ans, le docteur Pietro Pagello a conservĂ© une verdeur qui n’accuse pas son Ăąge. Mais on a peine Ă  Ă©voquer, devant ce masque sĂ©nile, le brillant cavalier des temps romantiques et romanesques. C’est avec une vĂ©ritable effusion que nous accueille M. Pietro Pagello, qui parait flattĂ©, malgrĂ© tout, de la recherche dont il est l’objet. Comme nous balbutions un remerciement, M. Pagello fils nous prĂ©vient que son pĂšre est tout Ă  fait sourd, et qu’il sera prĂ©fĂ©rable, comme il nous l’a proposĂ©, de s’en tenir Ă  une conversation par Ă©crit. Nous acceptons ce mode d’interview, dont la nouveautĂ© n’est pas pour nous dĂ©plaire, et, assis Ă  la table qu’on nous dĂ©signe, nous Ă©tablissons notre questionnaire. Ce qui nous prĂ©occupe avant tout, c’est de connaitre l’impression de M. Pagello sur l’article que nous avons publiĂ© dans la Revue hebdomadaire un mois auparavant. Avons-nous bien interprĂ©tĂ© la pensĂ©e de celui qui nous a fait l’honneur d’une lecture que nous avons sue trĂšs attentive ? Nous cĂ©dons la parole Ă  M. Pagello C’est un Ă©crit d’honnĂȘte homme trĂšs proche de la vĂ©ritĂ©, et que j’ai trouvĂ© pourvu d’une bienveillance dont je tiens Ă  vous remercier mais certains dĂ©tails vous ont Ă©chappĂ©, et on ne saurait vous en vouloir, puisque vous ne les connaissez pas. Je vais donc, selon votre dĂ©sir, complĂ©ter les renseignements que vous sollicitez. Mais ma mĂ©moire, toute fidĂšle qu’elle soit, me servira peut-ĂȘtre mal ; c’est si loin, tout cela ! Vous voudrez bien excuser Ă  ses dĂ©faillances. On a dit que j’avais conseillĂ© le retour en France d’Alfred de Musset pour rester seul auprĂšs de la Sand le docteur Pagello ne parle pas en d’autres termes de Mme Sand ; mais hĂątons-nous de dire que cette expression n’a dans sa bouche aucun caractĂšre injurieux. C’est une erreur absolue. C’est Alfred de Musset qui voulut, malgrĂ© mes conseils, joints aux priĂšres de George Sand, s’embarquer pour la France, encore incomplĂštement remis et Ă  peine convalescent d’une maladie Ă  laquelle il avait failli succomber. Cette maladie avait Ă©tĂ© des plus sĂ©rieuses ; vous en jugerez quand vous saurez que c’était une typhoĂŻdette sic, compliquĂ©e de dĂ©lire alcoolique. Alfred de Musset, d’aprĂšs moi, n’était pas un Ă©pileptique, ainsi que certains l’ont insinuĂ© ; les crises qu’il avait Ă©taient des crises d’alcoolisme aigu ; c’était un fort buveur, et, comme il avait un systĂšme nerveux trĂšs surmenĂ©, l’usage des boissons spiritueuses a achevĂ© de le dĂ©traquer
 Quelle a Ă©tĂ© notre existence commune, Ă  la Sand et Ă  moi, aprĂšs le dĂ©part de Musset, je vais essayer de vous le dire. Nous avons quittĂ© presque tout de suite l’hĂŽtel Danieli pour prendre un appartement Ă  San Fantino, au centre de Venise, oĂč nous installĂąmes notre mĂ©nage. Mon frĂšre Robert, qui est mort il y a six ans, en 1890, habitait sous le mĂȘme toit que nous. Il ne comprenait pas, lui qui ne cĂ©dait pas facilement aux emportements de la passion, comment j’avais pu m’éprendre de la Sand, peu sĂ©duisante Ă  son grĂ© ; il faut vous dire que George Sand Ă©tait trĂšs amaigrie Ă  cette Ă©poque. DĂšs que mon oncle connut ma liaison, il interdit Ă  mon frĂšre de rester plus longtemps avec nous. Et pourtant notre vie ne se passait pas qu’en plaisirs. George Sand travaillait, et travaillait beaucoup. Elle ne se permettait qu’une distraction, c’était la cigarette ; encore Ă©crivait-elle tout en fumant. Elle fumait du tabac oriental et aimait Ă  rouler elle-mĂȘme ses cigarettes et les miennes. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce pour elle une source d’inspiration, car elle s’interrompait pour suivre les spirales de la fumĂ©e, noyĂ©e dans sa rĂȘverie. C’est pendant son sĂ©jour Ă  Venise qu’elle a composĂ©, sur cette table de jeu Ă  laquelle je suis appuyĂ© en ce moment, ses Lettres d’un voyageur, et aussi son roman de Jacques. Je lui ai Ă©tĂ© dans la circonstance d’un faible secours, et ma collaboration s’est bornĂ©e Ă  peu de chose ; je lui ai fourni quelques renseignements sur l’histoire de Venise, sur les mƓurs du pays, et je l’ai souvent accompagnĂ©e dans les cabinets de lecture et Ă  la bibliothĂšque Marciana. Elle possĂ©dait bien notre langue, mais pas assez pour Ă©crire dans des revues italiennes ; de fait, elle n’a jamais songĂ© Ă  y Ă©crire. Elle avait assez Ă  faire Ă  composer sa copie » pour la Revue des Deux Mondes, car rĂ©guliĂšrement elle envoyait ses feuillets Ă  M. Buloz. Elle travaillait six Ă  huit heures de suite, de prĂ©fĂ©rence dans la soirĂ©e ; le plus souvent, le travail se prolongeait assez avant dans la nuit ; elle Ă©crivait sans s’arrĂȘter et sans faire de ratures. Les traits dominants du caractĂšre de George Sand Ă©taient la patience et la douceur, une douceur inaltĂ©rable ; elle ne se fĂąchait jamais et se montrait toujours satisfaite de son sort
 Quand nous ne mangions pas au dehors, elle prĂ©parait elle-mĂȘme les repas. C’était d’ailleurs une cuisiniĂšre Ă©mĂ©rite, qui excellait dans la confection des sauces ; elle aimait beaucoup le poisson ; aussi Ă©tait-ce un plat qui figurait souvent sur notre table. Elle digĂ©rait, au reste, trĂšs bien toutes sortes d’aliments, n’étant jamais malade, sauf des gastralgies sans gravitĂ© ; je n’ai pas eu Ă  lui prescrire de mĂ©dicaments. Je ne dois pas oublier de vous faire connaĂźtre un talent particulier de George Sand elle dessinait admirablement, mais c’était surtout dans la charge qu’elle se plaisait. Ses caricatures Ă©taient des plus drolatiques ; elle vous croquait une personne en deux coups de crayon, alors mĂȘme qu’elle ne l’avait vue qu’une seule fois. Ma fille aĂźnĂ©e a gardĂ© quelques-uns de ces dessins qu’elle pourra vous montrer
 George Sand buvait beaucoup de thĂ© pour s’exciter, au travail
 » Ce disant, le vieillard se penche vers une armoire vitrĂ©e, Ă  laquelle son fauteuil se trouve adossĂ©, en retire une tasse Ă  larges bords, de contours Ă©lĂ©gants, munie de sa soucoupe, d’une profondeur inusitĂ©e. Cette tasse prĂ©sente cette particularitĂ© qu’elle semble ĂȘtre d’étain fin, alors qu’au toucher il est aisĂ© de reconnaĂźtre que la matiĂšre qui la constitue est une poterie vernissĂ©e, une de ces terres Ă  reflets stannifĂšres comme on en fabrique, nous a-t-on assurĂ© depuis, dans les environs de Venise. AprĂšs l’avoir considĂ©rĂ©e avec attention, nous la restituons Ă  M. Pagello, qui nous prie de la conserver, en souvenir de notre entrevue. De tout le service, il ne me reste plus que quatre tasses », nous dit le vieillard, qui veut sans doute nous tĂ©moigner de la sorte quelle valeur il attache Ă  son cadeau ; nous l’en remercions d’autant plus vivement et le prions, pour mettre le comble Ă  sa gracieusetĂ©, d’accompagner son don de quelques lignes qui lui serviront comme de certificat d’origine. D’une Ă©criture un peu tremblĂ©e, le docteur Pagello trace ces caractĂšres All’ Egregio Dr CabanĂšs, In renovia della visita che mi pouste oggi, Ă  Belluno, si offro questa tassa, della quale molte volte la Sand ha forbitto il the quando abitava con me a Venezia Belluna, 4 7bre 1896. Pietro Pagello. » Ce qu’il est aisĂ© de traduire En souvenir de la visite que vous m’avez faite ici, Ă  Bellune, je vous offre cette tasse, dans laquelle bien des fois la Sand a bu le thĂ©, quand elle habitait avec moi Ă  Venise. Bellune, 4 septembre 1896. Pietro Pagello. » Mais reprenons le rĂ©cit de M. Pagello. En quittant Venise, poursuit notre interlocuteur, George Sand et moi sommes allĂ©s Ă  VĂ©rone, puis au lac de Garde, Ă  Milan, et de lĂ  Ă  GenĂšve. Nous sommes restĂ©s trĂšs peu de temps en ces divers endroits, et nous sommes arrivĂ©s dans la capitale dans les premiers jours du mois d’aoĂ»t. Nous nous sommes sĂ©parĂ©s dĂšs notre arrivĂ©e. Je n’ai voulu, sous aucun prĂ©texte, accepter l’hospitalitĂ© qui m’était offerte. J’ai peu frĂ©quentĂ© le monde littĂ©raire durant mon court sĂ©jour Ă  Paris. En fait de gens de lettres, je ne me rappelle avoir vu que Gustave Planche et Buloz ; vous ĂȘtes surpris que je ne me sois pas rencontrĂ© avec d’autres Ă©crivains ? Mais c’était la saison des vacances, et ils Ă©taient Ă  peu prĂšs tous Ă  la campagne. Quant Ă  Musset, je lui ai rendu plusieurs fois visite ; j’en ai toujours reçu un accueil des plus courtois, mais dĂ©pourvu de toute expansion cordiale. Je n’ai conservĂ© de rapports qu’avec un Français, un ami de Musset, M. Alfred Tattet, un original s’il en fut, trĂšs amateur de vin de Chypre, dont il se faisait tous les ans envoyer d’Italie un tonnelet ; enfin un bon vivant, comme vous dites en France. Nous avons Ă©changĂ© pas mal de lettres, mais je ne sais dans quel coin elles peuvent se trouver aujourd’hui, j’ignore si je les ai mĂȘme conservĂ©es. J’habitai Ă  Paris, rue des Petits-Augustins, Ă  l’hĂŽtel d’OrlĂ©ans. Je passais mes matinĂ©es dans les hĂŽpitaux. J’ai suivi les services de Lisfranc, d’Amussat, de Broussais, qui avait Ă  l’époque une vogue extraordinaire. J’ai Ă  peine vu Mme Sand ; elle m’avait fait inviter par le prĂ©cepteur de ses enfants, M. Boucoiran, Ă  aller passer quelques jours Ă  Nohant. J’ai refusĂ© l’invitation et j’ai prĂ©fĂ©rĂ© regagner l’Italie. Depuis mon retour dans ce pays, je n’ai plus reçu la moindre nouvelle de la Sand. J’étais au courant de ses succĂšs littĂ©raires par les journaux, et c’était tout
 J’ai appris sa mort tout Ă  fait par hasard, mais je n’en ai pas Ă©tĂ© directement avisé  » J’étais adolescent, nous dit Ă  son tour, intervenant dans la conversation, M. le docteur Pagello fils, lorsque les journaux firent connaitre la mort de la Sand. Je me souviens trĂšs bien que mon pĂšre accomplit, comme Ă  son ordinaire, les devoirs de sa profession et qu’il accueillit la nouvelle avec la plus complĂšte indiffĂ©rence. Il parla en famille de cette femme comme s’il l’eĂ»t Ă  peine connue un demi-siĂšcle s’était Ă©coulĂ© sans une lettre, sans un salut. Ce fut l’assurance de la mort d’une bohĂ©mienne sic, que mon pĂšre, au sein de sa famille, recordait c’est-Ă -dire dont mon pĂšre Ă©voquait le souvenir
 Le passĂ© Ă©tait mort, bien avant la mort de la Sand ! Tenez, laissons cela et quittons ce sujet de conversation. Voulez-vous que je fasse passer sous vos yeux les quelques objets de curiositĂ© que nous possĂ©dons
 Avant de quitter cette piĂšce, il faut que je vous montre un objet qui a un caractĂšre, comment dirais-je ? historique. C’est une tasse en porcelaine de SĂšvres, qui a une origine assez curieuse et que je veux vous conter. Le prince de Rohan campait avec les Autrichiens dans une propriĂ©tĂ© de mon grand-pĂšre, Ă  deux milles de Castelfranco. Survient MassĂ©na avec ses troupes. Les Autrichiens n’eurent que le temps de battre en retraite, sans pouvoir enlever les campements. Le lendemain, un paysan au service de mon grand-pĂšre lui rapportait la tasse que voici, qu’il avait trouvĂ©e sous la tente du prince, et qui contenait encore des dĂ©bris du chocolat que le seigneur français Ă©tait en train de prendre au moment oĂč il avait Ă©tĂ© surpris par les troupes de MassĂ©na. Les tableaux que vous voyez lĂ  ont aussi leur prix voici un tableau de Tempesta, deux aquarelles de Bisson, une tĂȘte de Schidone. Le reste ne vaut pas une mention. À ce propos, je voudrais bien que vous m’aidiez Ă  dĂ©truire une lĂ©gende Dans une des lettres de G. Sand Ă  Alfred de Musset, qu’a publiĂ©es la Revue de Paris, la romanciĂšre prĂ©tend qu’elle avait soumis Ă  un expert les tableaux que mon pĂšre avait apportĂ©s en France ; que ces tableaux, de l’avis de l’expert, ne valaient rien, mais qu’elle en avait nĂ©anmoins offert Ă  mon pĂšre la somme de deux mille francs, ajoutant le procĂ©dĂ© de lui cacher le secours qu’elle lui apportait ». Mon pĂšre a protestĂ©, aussitĂŽt qu’il a connu le fait, et nous ne cesserons de protester toutes les fois qu’on le rééditera. Je tiens de mon oncle dĂ©funt que ces toiles, sans ĂȘtre des RaphaĂ«l, Ă©taient loin d’ĂȘtre des Ɠuvres mĂ©diocres. Elles Ă©taient signĂ©es du peintre Ortesiti, un maĂźtre. D’ailleurs, mon pĂšre avait beaucoup de relations dans le monde des artistes ; ses goĂ»ts s’étaient dĂ©veloppĂ©s dans ce milieu, et il passait pour un connaisseur. Vous ne doutez pas que, dans ces conditions, il se fĂ»t bien gardĂ© d’emporter avec lui des croĂ»tes, dont il n’aurait pu tirer aucun parti. Il revenait ruinĂ©, sa clientĂšle l’avait quittĂ©, il lui fallait recommencer une nouvelle existence, c’était assez de dĂ©boires comme cela !
 Sachez bien que les relations de mon pĂšre avec George Sand ont Ă©tĂ© un Ă©pisode dans sa vie, et rien de plus. George Sand, fatiguĂ©e des Ă©trangetĂ©s d’Alfred de Musset, s’était donnĂ©e sans rĂ©serve Ă  mon pĂšre, qui Ă©tait jeune, aux larges Ă©paules, intelligent, un vrai beau, brave et bon garçon. Mon pĂšre aimait la jolie Ă©trangĂšre pour son gĂ©nie, sa bontĂ©, et, sans en ĂȘtre aux nuages, il en Ă©tait fort Ă©pris. Mais tout cela fut vite oubliĂ©. Une fois rentrĂ© en Italie, mon pĂšre reprit aussitĂŽt ses occupations professionnelles. Il n’eut pas de mal Ă  vite reconquĂ©rir sa clientĂšle. Son habiletĂ©, surtout comme chirurgien, Ă©tait depuis longtemps Ă©tablie ancien Ă©lĂšve du cĂ©lĂšbre Scarpa et du chirurgien Rima, ex-mĂ©decin principal de la grande armĂ©e de NapolĂ©on, il avait de qui tenir. Mon pĂšre fut un des premiers Ă  introduire en Italie la lithotripsie qu’il avait vu pratiquer par Lisfranc, la cystotomie pĂ©rinĂ©ale, et il acquit une vĂ©ritable rĂ©putation comme accoucheur. Il y a huit ans tout au plus qu’il a cessĂ© d’exercer. Jusqu’alors, il a fait son service Ă  l’hĂŽpital de Bellune avec la plus scrupuleuse rĂ©gularitĂ©. Il ne s’est jamais dĂ©sintĂ©ressĂ© des progrĂšs de la science, et, dans les rares loisirs que lui laissait l’exercice de son art, il s’occupait de gĂ©ologie, de palĂ©ontologie, de conchyliologie et de pisciculture. Mais il a toujours eu une prĂ©dilection marquĂ©e pour la littĂ©rature. Actuellement il se tient au courant de tout ce qui se publie et lit plusieurs heures par jour les revues, les journaux, les ouvrages nouveaux. Et il lit sans lunettes, malgrĂ© ses quatre-vingt-dix ans ! Il Ă©crit moins qu’autrefois, bien qu’il consigne encore ses rĂ©flexions et ses pensĂ©es sur le papier. Jadis il a composĂ© un mĂ©morial, sorte d’acte de contrition d’un bon enfant bien repenti sic, qui dĂ©plore ses pĂ©chĂ©s de jeunesse. Mais ni les Ă©vĂ©nements dont il est parlĂ©, ni les personnages n’y sont en aucune façon prĂ©cisĂ©s. Nous conservons encore un ouvrage manuscrit de mon pĂšre, qui contient de nombreuses poĂ©sies, des Ɠuvres de moralitĂ©, des souvenirs de voyage, de la sociologie, de l’économie domestique, etc. Ce livre est dĂ©diĂ© Ă  ses fils et Ă  ses neveux ; aucun fragment n’en sera livrĂ© Ă  la publicitĂ© de son vivant. Je feuilletais un jour ce volumineux manuscrit, quand il s’en Ă©chappa un papier qui tomba Ă  terre et que je m’empressai de ramasser. C’était un portrait de George Sand, admirablement fait. Je n’ai pu le retrouver depuis, malgrĂ© toutes mes recherches. » Le nom de George Sand revenant fort opportunĂ©ment dans la conversation, nous en profitons pour poser une question qui nous brĂ»le depuis longtemps les lĂšvres. Y a-t-il une correspondance de George Sand avec Pietro Pagello ? Cette correspondance comprend-elle beaucoup de lettres ? Quand et par qui seront-elles publiĂ©es ? Il est certain, nous rĂ©pond M. Just Pagello, qu’il y a eu bon nombre de lettres Ă©changĂ©es entre mon pĂšre et Mme Sand, mais mon pĂšre nous a toujours assurĂ© qu’il les avait brĂ»lĂ©es, sauf trois, les plus intĂ©ressantes, du reste. C’est un publiciste italien, ami de mon pĂšre, M. Antonio Caccianiga, et non pas M. Zanardelli, comme on l’a prĂ©tendu, qui est chargĂ© de cette publication posthume, car mon pĂšre exige qu’elles ne soient pas publiĂ©es de son vivant. Nous sommes bien dĂ©cidĂ©s Ă  respecter Ă  cet Ă©gard sa volontĂ©. Outre ces trois lettres, il y a la dĂ©claration d’amour adressĂ©e par George Sand Ă  mon pĂšre, Ă  l’hĂŽtel Danieli, et dont vous m’avez demandĂ© Ă  obtenir la communication. Eh bien, je vais vous apprendre une bonne nouvelle. J’ai pu enfin vaincre les rĂ©sistances de mon pĂšre, qui veut bien faire une exception en votre faveur. Votre qualitĂ© de mĂ©decin n’est pas Ă©trangĂšre Ă  sa dĂ©termination, vous avez su gagner sa confiance et, je dois ajouter, sa sympathie. C’est donc avec son agrĂ©ment que je vous autorise Ă  prendre copie de cette lettre de George Sand. Elle est fixĂ©e sur les feuillets d’un album qui appartient Ă  ma tante ; mon pĂšre l’avait donnĂ©e Ă  sa sƓur sous la rĂ©serve expresse qu’elle ne la laisserait jamais copier, ni, Ă  plus forte raison, publier. Vous pouvez ĂȘtre assurĂ© que le morceau est inĂ©dit. » La lettre, dont l’original est placĂ© sous nos yeux, porte ce titre Ă©nigmatique En MorĂ©e. N’est-il pas vraisemblable que George Sand ait voulu mettre En Amore, et que dans sa prĂ©cipitation, peut-ĂȘtre aussi par suite de sa connaissance imparfaite de la langue italienne, elle ait mal Ă©crit la lĂ©gende qui devait servir, dans sa pensĂ©e, d’épigraphe Ă  sa dĂ©claration ? Ce n’est, hĂątons-nous de le dire, qu’une hypothĂšse, et nous en sommes rĂ©duit sur ce point aux conjectures. En tĂȘte de l’autographe nous relevons ces lignes d’une autre Ă©criture que l’autographe lui-mĂȘme Venezio, 10 juglio 1834. Pietro Pagello ad Antonietta Segato dona questo manuscritto di Giorgio Sand. Pietro Pagello a donnĂ© ce manuscrit de George Sand Ă  Antonietta Segato. » Voici maintenant la maĂźtresse page qu’il nous est permis de verser Ă  l’histoire des Lettres ï»ż En MorĂ©e. NĂ©s sous des cieux diffĂ©rents, nous n’avons ni les mĂȘmes pensĂ©es ni le mĂȘme langage ; avons-nous du moins des cƓurs semblables ? Le tiĂšde et brumeux climat d’oĂč je viens m’a laissĂ© des impressions douces et mĂ©lancoliques le gĂ©nĂ©reux soleil qui a bruni ton front, quelles passions t’a-t-il donnĂ©es ? Je sais aimer et souffrir, et toi, comment aimes-tu ? L’ardeur de tes regards, l’étreinte violente de tes bras, l’audace de tes dĂ©sirs me tentent et me font peur. Je ne sais ni combattre ta passion ni la partager. Dans mon pays on n’aime pas ainsi ; je suis auprĂšs de toi comme une pĂąle statue, je te regarde avec Ă©tonnement, avec dĂ©sir, avec inquiĂ©tude. Je ne sais pas si tu m’aimes vraiment. Je ne le saurai jamais. Tu prononces Ă  peine quelques mots dans ma langue, et je ne sais pas assez la tienne pour te faire des questions si subtiles. Peut-ĂȘtre est-il impossible que je me fasse comprendre quand mĂȘme je connaĂźtrais Ă  fond la langue que tu parles. Les lieux oĂč nous avons vĂ©cu, les hommes qui nous ont enseignĂ©s, sont cause que nous avons sans doute des idĂ©es, des sentiments et des besoins, inexplicables l’un pour l’autre. Ma nature dĂ©bile et ton tempĂ©rament de feu doivent enfanter des pensĂ©es bien diverses. Tu dois ignorer ou mĂ©priser les mille souffrances lĂ©gĂšres qui m’atteignent, tu dois rire de ce qui me fait pleurer. Peut-ĂȘtre ne connais-tu pas les larmes. Seras-tu pour moi un appui ou un maĂźtre ? Me consoleras-tu des maux que j’ai soufferts avant de te rencontrer ? Sauras-tu pourquoi je suis triste ? Connais-tu la compassion, la patience, l’amitiĂ© ? On t’a Ă©levĂ© peut-ĂȘtre dans la conviction que les femmes n’ont pas d’ñme. Sais-tu qu’elles en ont une ? N’es-tu ni chrĂ©tien ni musulman, ni civilisĂ© ni barbare ; es-tu homme ? Qu’y a-t-il dans cette mĂąle poitrine, dans cet Ɠil de lion, dans ce front superbe ? Y a-t-il en toi une pensĂ©e noble et pure, un sentiment fraternel et pieux ? Quand tu dors, rĂȘves-tu que tu voles vers le ciel ? Quand les hommes te font du mal, espĂšres-tu en Dieu ? Serai-je ta compagne ou ton esclave ? Me dĂ©sires-tu ou m’aimes-tu ? Quand ta passion sera satisfaite, sauras-tu me remercier ? Quand je te rendrai heureux, sauras-tu me le dire ? Sais-tu ce que je suis, et t’inquiĂštes-tu de ne pas le savoir ? Suis-je pour toi quelque chose d’inconnu qui te fait chercher et songer, ou ne suis-je Ă  tes yeux qu’une femme semblable Ă  celles qui engraissent dans les harems ? Ton Ɠil, oĂč je crois voir briller un Ă©clair divin, n’exprime-t-il qu’un dĂ©sir semblable Ă  celui que ces femmes apaisent ? Sais-tu ce que c’est que le dĂ©sir de l’ñme que n’assouvissent pas les temps, qu’aucune caresse humaine n’endort ni ne fatigue ? Quand ta maĂźtresse s’endort dans tes bras, restes-tu Ă©veillĂ© Ă  la regarder, Ă  prier Dieu et Ă  pleurer ? Les plaisirs de l’amour te laissent-ils haletant et abruti, ou te jettent-ils dans une extase divine ? Ton Ăąme survit-elle Ă  ton corps, quand tu quittes le sein de celle que tu aimes ? Oh ! quand je te verrai calme, saurai-je si tu penses ou si tu te reposes ? Quand ton regard deviendra languissant, sera-ce de tendresse ou de lassitude ? Peut-ĂȘtre penses-tu que tu ne connais pas[2]
, que je ne te connais pas. Je ne sais ni ta vie passĂ©e, ni ton caractĂšre, ni ce que les hommes qui te connaissent pensent de toi. Peut-ĂȘtre es-tu le premier, peut-ĂȘtre le dernier d’entre eux. Je t’aime sans savoir si je pourrai t’estimer, je t’aime parce que tu me plais, peut-ĂȘtre serai-je forcĂ©e de te haĂŻr bientĂŽt. Si tu Ă©tais un homme de ma patrie, je t’interrogerais et tu me comprendrais. Mais je serais peut-ĂȘtre plus malheureuse encore, car tu me tromperais. Toi du moins ne me tromperas pas, tu ne me feras pas des vaines promesses et des faux serments. Tu m’aimeras comme tu sais et comme tu peux aimer. Ce que j’ai cherchĂ© en vain dans les autres, je ne le trouverai peut-ĂȘtre pas en toi, mais je pourrai toujours croire que tu le possĂšdes. Les regards et les caresses d’amour qui m’ont toujours menti, tu me les laisseras expliquer Ă  mon grĂ©, sans y joindre de trompeuses paroles. Je pourrai interprĂ©ter ta rĂȘverie et faire parler Ă©loquemment ton silence. J’attribuerai Ă  tes actions l’intention que je te dĂ©sirerai. Quand tu me regarderas tendrement, je croirai que ton Ăąme s’adresse Ă  la mienne ; quand tu regarderas le ciel, je croirai que ton intelligence remonte vers le foyer Ă©ternel dont elle Ă©mane. Restons donc ainsi, n’apprends pas ma langue, je ne veux pas chercher dans la tienne les mots qui te diraient mes doutes et mes craintes. Je veux ignorer ce que tu fais de ta vie et quel rĂŽle tu joues parmi les hommes. Je voudrais ne pas savoir ton nom, cache-moi ton Ăąme que je puisse toujours la croire belle. » Cet hymne inspirĂ©, cette brĂ»lante invocation avait Ă©tĂ© improvisĂ©e en moins d’une heure par George Sand, en prĂ©sence mĂȘme du docteur, tandis qu’à leurs cĂŽtĂ©s reposait, dans un sommeil lĂ©thargique, le poĂšte qu’agitaient les convulsions de la fiĂšvre. La lĂ©gende veut, et c’est une lĂ©gende que ne contredit pas la vĂ©ritĂ©, que George Sand ait remis le dithyrambe enflammĂ© sous enveloppe, sans suscription ; que le destinataire ait simulĂ© la surprise, et que, lui arrachant la lettre des mains, George Sand ait elle-mĂȘme mis l’adresse Au stupide Pagello. Stupide ? Ă  dire vrai, il ne l’était point, mais il jouait ce rĂŽle », nous Ă©crivait rĂ©cemment le fils de Pagello. N’était-ce pas, ajoute-t-il, non sans finesse, le meilleur parti que mon pĂšre pouvait prendre, par prudence ? Mot profond et qui fait naĂźtre combien de rĂ©flexions !
 Dr CABANÈS. ↑ Nous les avons rapportĂ©es dans notre article de la Revue hebdomadaire du Ier aoĂ»t dernier Un roman vĂ©cu Ă  trois personnages, Alfred de Musset, George Sand et le docteur Pagello » ↑ Le manuscrit original est coupĂ© Ă  cet endroit, ainsi que nous avons pu nous en assurer de visu ; mais il ne nous a pas semblĂ© que ce fĂ»t une mutilation volontaire. A. C. Table des matiĂšres I VOYAGE EN ITALIE II À VENISE III RETOUR D'ITALIE IV VOYAGE DE MUSSET À BADE V À PARIS VI DEUX LIVRES INDEX BIBLIOGRAPHIQUE - NOTES ET DOCUMENTS INÉDITS - La VĂ©ritable histoire de Elle et Lui» , rĂ©cemment publiĂ©e par M. le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul Âč a rouvert de la façon la plus curieuse, entre Alfred de Musset et George Sand, un dĂ©bat qui ne sera pas dĂ©cidĂ©ment clos, ni l'Ă©quitable jugement prononcĂ©, avant la mise au plein jour des lettres Ă©changĂ©es par ces amants illustres. La rĂ©putation du cĂ©lĂšbre chercheur n'est plus Ă  faire et nous nous garderons de dire le bien que nous en pensons. Nous ne voulons Ă  notre tour que joindre au dossier commun quelques piĂšces authentiques. La vĂ©ritable histoire» de cette liaison, apparemment, ce n'est pas Elle et Lui, ce n'est pas davantage Lui et Elle; - et nous ne disons rien de Lui , qui fut l'eouvre d'une personne Ă©trangĂšre au dĂ©bat et l'exercice de rancunes particuliĂšres—on ne saurait prĂ©parer avec trop de soin le difficile triomphe de la vĂ©ritĂ©. Mais, d'abord, adressons l'hommage de notre plus respectueuse gratitude Ă  madame Lardin de Musset, la sƓur du poĂšte elle a mis Ă  notre disposition tous les documents qu'elle possĂšde. Il nous faut remercier aussi M. Alexandre Tattet, qui nous a communiquĂ© les lettres adressĂ©es Ă  son frĂšre. * * * Alfred de Musset et George Sand se virent, pour la premiĂšre fois, au mois d'avril ou de mai 1833. Ecrivant l'un et l'autre Ă  la Revue des Deux Mondes , ils avaient naturellement l'occasion de se rencontrer; des amis communs, Sainte-Beuve surtout, firent le reste. Relations de courtoisie littĂ©raire, d'abord Alfred de Musset envoyait des vers Ă  George Sand, AprĂšs la lecture d'Indiana, datĂ©s du 24 juin 1833 ÂČ puis, des fragments de son poĂšme Rolla, qu'il Ă©crivait en ce moment. Peu Ă  peu, leur intimitĂ© devient plus grande, et George Sand adresse Ă  Musset un exemplaire de Lelia portant ces dĂ©dicaces —Tome I— À monsieur mon gamin d'Alfred, GEORGE.» —Tome II— À monsieur le vicomte Alfred de Musset, hommage respectueux de son dĂ©vouĂ© serviteur, GEORGE SAND.» Dans une piĂšce de vers demeurĂ©e inĂ©dite, Alfred dĂ©crit familiĂšrement les soirĂ©es intimes de son amie George est dans sa chambrette Entre deux pots de fleurs, Fumant sa cigarette, Les yeux baignĂ©s de pleurs. Buloz, assis par terre, Lui fait de doux serments; Solange, par derriĂšre, Gribouille ses romans. PlantĂ© comme une borne, Boucoiran Âł tout crottĂ© Contemple d'une Ɠil morne Musset tout dĂ©braillĂ©. Dans le plus grand silence Paul, se versant du thĂ©, Ecoute l'Ă©loquence De Menard tout crottĂ©. Planche, saoul de la veille, Est assis dans un coin Et se cure l'oreille Avec le plus grand soin... DĂ©braillĂ© ou non, Musset dessine sur un album la charge des habituĂ©s de la maison et prend la libertĂ© d'outrager les beaux yeux noirs» en de nombreux croquis Je vous envoie cette Ă©bauche pour voir si vos amis la reconnaĂźtront et si vous la reconnaĂźtrez vous-mĂȘme...» À la fin du mois d'aoĂ»t, ils sont amants ⁎ Leur vie, durant cette pĂ©riode, est semblable Ă  celle des peuples heureux et n'a pas d'histoire. Il suffit, Ă  la rigueur, de lire ce qui est publiĂ© de la correspondance de George Sand et de Sainte-Beuve dans le tome 1er des Portraits contemporains , Ă©dition de 1888, et ce que Paul de Musset raconte dans la Biographie de son frĂšre on devine le reste. On nous permettra de ne pas les suivre avant leur voyage en Italie. I VOYAGE EN ITALIE Le 12 dĂ©cembre 1833, dans la soirĂ©e, Paul de Musset conduisit les deux voyageurs jusqu'Ă  la malle-poste. Ils s'arrĂȘtĂšrent Ă  Lyon,—oĂč ils rencontrĂšrent Stendhal,—à Avignon, Marseille ⁔ Genes, et le 28 ils se trouvaient Ă  Florence. De cette ville, les dates prĂ©cises nous sont fournies par le passeport d'Alfred de Musset Firenze, 28 Dic. 1833. Visto alla Legazione d'Austria per Venezia. Firenze, 28 Dic. 1833. Visto, buono per Bologna et Venezia. —G. MOLINARI. Visto, buono per Bologna.—DELLACÀ, 29 Dicembre 1833. Bologna, 29 Dic. 1833. Per la continuazione del suo viaggio, via di Ferrara. Francolino, 30 Dic. 1833. Visto sortire. Rovigo, 30 Dic. 1833. Buono per Padova. Vu au Consulat de France Ă  Venise. Bon pour sĂ©jour. Venise, le 19 janvier 1834.—Le consul de France SILVESTRE DE SACY. Les divers incidents du voyage, qui du reste n'ont rien de particulier, sont racontĂ©s par George Sand dans son Histoire de ma Vie et par Paul de Musset dans la Biographie de son frĂšre. À GĂȘnes, George Sand avait senti les premiĂšres atteintes des fiĂšvres du pays; son Ă©tat ne fit que s'aggraver dans la suite du voyage, elle arriva malade 3 xxxv, 269 p., 1 l. 19 cm NotesOrange page is a blank page. Addeddate 2011-01-19 172031 Associated-names Rocheblave, Samuel, 1854-1944; Musset, Alfred de, 1810-1857; Sainte-Beuve, Charles Augustin, 1804-1869 Call number PQ 2412 .A4M8 1897 Camera Canon 5D External-identifier urnoclcrecord797045394 Foldoutcount 0 Identifier lettresalfredd00sand Identifier-ark ark/13960/t03x92z76 Lccn 19001140 Ocr ABBYY FineReader Openlibrary_edition OL24593614M Openlibrary_work OL15658636W comment Reviews There are no reviews yet. Be the first one to write a review. La liaison entre ces deux gĂ©ants littĂ©raires dura deux ans, et fut l’occasion d’une correspondance aussi fournie que savoureuse. La lettre de George Sand, en apparence innocente, est Ă  relire en ne tenant compte que d’une ligne sur deux. Pour la rĂ©ponse d’Alfred de Musset, elle est Ă  relire en ne prenant que le premier mot de chaque vers. GEORGE SAND Cher ami, Je suis toute Ă©mue de vous dire que j’ai bien compris l’autre jour que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit une preuve que je puisse ĂȘtre aimĂ©e par vous. Je suis prĂȘte Ă  montrer mon affection toute dĂ©sintĂ©ressĂ©e et sans cal- cul, et si vous voulez me voir ainsi vous dĂ©voiler, sans artifice, mon Ăąme toute nue, daignez me faire visite, nous causerons et en amis franchement je vous prouverai que je suis la femme sincĂšre, capable de vous offrir l’affection la plus profonde, comme la plus Ă©troite amitiĂ©, en un mot la meilleure Ă©pouse dont vous puissiez rĂȘver. Puisque votre Ăąme est libre, pensez que l’abandon ou je vis est bien long, bien dur et souvent bien insupportable. Mon chagrin est trop gros. Accourrez bien vite et venez me le faire oublier. À vous je veux me sou- mettre entiĂšrement. Votre poupĂ©e ALFRED DE MUSSET Quand je mets Ă  vos pieds un Ă©ternel hommage, Voulez-vous qu’un instant je change de visage ? Vous avez capturĂ© les sentiments d’un cƓur Que pour vous adorer forma le crĂ©ateur. Je vous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lire Couche sur le papier ce que je n’ose dire. Avec soin de mes vers lisez les premiers mots, Vous saurez quel remĂšde apporter Ă  mes maux. Portrait de George Sand par Auguste Charpentier. George Sand, contrairement Ă  ce que laisse penser son prĂ©nom, est une femme de lettres française du XIXe siĂšcle. On la surnomme aussi la Bonne Dame de Nohant ». Sommaire 1 Avant d'Ă©crire 2 La romanciĂšre 3 ƒuvre 4 Ses opinions fĂ©ministes 5 Ses opinions politiques 6 RĂ©fĂ©rences 7 Bibliographie 8 Voir aussi Avant d'Ă©crire[modifier modifier le wikicode] Amantine Aurore Lucile Dupin son vrai nom est nĂ©e en 1804, Ă  Paris. Son pĂšre, Maurice Dupin de Francueil, Ă©tait un aristocrate descendant des rois de Pologne. Sa mĂšre, Sophie Delaborde, Ă©tait d'origine beaucoup plus modeste. Orpheline de son pĂšre Ă  4 ans, dĂ©laissĂ©e par sa mĂšre, George Sand sera Ă©levĂ©e par sa grand-mĂšre paternelle. En 1822, elle Ă©pouse le baron Casimir Dudevant. De ce mariage naissent deux enfants, Maurice, nĂ© le 30 juin 1823 et Solange, nĂ©e le 13 septembre 1828. Les deux Ă©poux ne s'entendent pas et se sĂ©parent en 1831. Amantine Aurore Lucie Dupin se fait appeler George Sand pour que ses romans soient lus, car au XIXe siĂšcle, les livres que les femmes publient n'Ă©taient pas bien considĂ©rĂ©s, contrairement Ă  ceux des hommes. La romanciĂšre[modifier modifier le wikicode] Aurore prend le pseudonyme de George sans -s, Ă  l'imitation des Anglais Sand souvenir de Jules Sandeau, son amant en 1832, Ă  l'occasion de son premier roman, Indiana. George Sand a beaucoup choquĂ© Ă  son Ă©poque, car elle portait un prĂ©nom masculin, s'habillait en "homme", demandait plus de libertĂ©s pour les femmes et eut plusieurs histoires amoureuses, notamment avec le poĂšte Alfred de Musset ou le musicien FrĂ©dĂ©ric Chopin. Dans ses premiers romans, l'amour passion se heurte aux conventions sociales de son Ă©poque oĂč l'amour compte pour peu dans les relations entre hommes et femmes. DĂšs 1836, sous l'influence de ses amis rĂ©publicains socialisants Pierre Leroux, Armand BarbĂšs, François Arago, elle prend des positions sociales et politiques avancĂ©es qu'elle fait passer dans ses romans, comme Consuelo 1842-1843. Elle Ă©crit des romans Ă  sujets sociaux et provinciaux La Mare au diable 1846 et François le Champi 1847-1848. Elle participe Ă©galement aux nouveaux journaux rĂ©publicains comme le Bulletin de la RĂ©publique, la Cause du peuple et la Vraie RĂ©publique. OpposĂ©e Ă  la violence, elle prĂŽne un socialisme utopique, notamment dans La ville noire1. Elle est déçue par les rĂ©sultats de la rĂ©volution française de 1848 qui proclame la RĂ©publique les conservateurs majoritaires font tirer sur les ouvriers et sont plus ou moins complices de l'installation de la dictature de Louis NapolĂ©on Bonaparte. Par ailleurs, la RĂ©publique n'amĂšne pas les changements qu'elle espĂ©rait pour les femmes et les pauvres notamment. Elle se consacre dĂ©sormais Ă  sa vie privĂ©e et Ă  la rĂ©daction de romans d'inspiration locale La Petite Fadette 1849, Les MaĂźtres sonneurs 1853. En 1854, elle publie une autobiographie, Histoire de ma vie. Ses romans, oĂč se manifeste son talent de conteuse, connaissent un immense succĂšs. Elle est morte en 1876, dans la maison de son enfance, Ă  Nohant, dans l'Indre. ƒuvre[modifier modifier le wikicode] L'Ɠuvre de George Sand est extrĂȘmement abondante ; elle a aussi bien Ă©crit des nouvelles que des contes, des piĂšces de théùtre, ou encore des romans. Parmi ses Ɠuvres les plus cĂ©lĂšbres se trouvent ses romans inspirĂ©s de sa vie campagnarde Ă  Nohant La Mare au diable, François le Champi et La Petite Fadette. George Sand est Ă©galement connue pour sa correspondance amoureuse avec Alfred de Musset et pour sa correspondance amicale avec l'Ă©crivain Gustave Flaubert. George Sand a contribuĂ© activement Ă  la vie intellectuelle de son Ă©poque, accueillant au domaine de Nohant ou Ă  Palaiseau des personnalitĂ©s aussi diffĂ©rentes que Franz Liszt, FrĂ©dĂ©ric Chopin, Marie d'Agoult, HonorĂ© de Balzac, Gustave Flaubert ou bien encore EugĂšne Delacroix. Ses opinions fĂ©ministes[modifier modifier le wikicode] En tant que femme de lettres, George Sand a utilisĂ© sa plume pour faire la promotion de ses idĂ©es sur l'Ă©mancipation de la femme. Elle a critiquĂ© le Code NapolĂ©on, a rĂ©clamĂ© la lĂ©galisation du divorce, ainsi que le droit des femmes Ă  s'affranchir, Ă  gĂ©rer leur fortune et leur vie sexuelle. L'Ă©criture est la clĂ© de l'Ă©mancipation. Ses opinions politiques[modifier modifier le wikicode] En 1848, l'avĂšnement de la Seconde RĂ©publique lui a permis de proclamer ses idĂ©es sur l'abolition de l'esclavage ou le suffrage universel. Tocqueville l'appelait Un Homme politique. Elle condamne l'action des insurgĂ©s de la Commune de Paris. RĂ©fĂ©rences[modifier modifier le wikicode] ↑ Retour Ă  l’utopie sans socialisme Bibliographie[modifier modifier le wikicode] Ses Ɠuvres sur wikisource. Voir aussi[modifier modifier le wikicode] Pierres JaumĂątres Ni vues ni connues

lettre de george sand Ă  alfred de musset pdf